Contexte archéologique et géologique

Les gorges de la Nesque s’étendent sur une vingtaine de kilomètres entre les communes de Monieux et de Méthamis. Il s’agit d’une partie du Vaucluse extrêmement riche en vestiges préhistoriques, ayant livré de nombreux comptes rendus de fouilles archéologiques. En effet, le cadre géologique et notamment la richesse karstique de la vallée de la Nesque a constitué un contexte favorable à l’établissement des communautés humaines au cours de la préhistoire.

Une vingtaine de gisements archéologiques sont connus, couvrant une large chronologie depuis le Pléistocène Supérieur jusqu’au Néolithique (Abri de Castellaras à Monieux) et Âges des Métaux (L’abri de l’Eglise à Méthamis). Ces sites archéologiques peuvent être mis au jour dans des abris-sous-roches, des grottes au sens strict, des avens ou encore en contexte de plein-air.

Située sur les contreforts des Monts de Vaucluse, la commune de Méthamis se développe autour d’un éperon rocheux, surplombant le débouché des gorges de la Nesque.

Le premier inventaire archéologique de la commune de Méthamis a été réalisé par Léon Carias en 1920, qui fourni un premier inventaire des découvertes archéologiques (principalement datées du Néolithique). Cet inventaire est par la suite amplement mis à jour et enrichi par les travaux et recherches de Maurice Paccard qui, dès les années 1950, prospecte et fouille une grande quantité de sites parmi lesquels le site mésolithique de Gramari (Paccard et al., 1971), les abris Gauthier (Paccard, 1981) ou encore les Auzières (Paccard, 1983).

Archéologie

Certaines périodes chronologiques demeurent très peu connues dans ce secteur, en raison de la documentation ancienne de qualité très inégale, des difficultés rencontrées par la prospection en milieu karstique (accès difficiles, masqués ou obstrués) ou bien simplement en raison de variations paléoclimatiques. Si aucun gisement attribuable au Paléolithique inférieur n’y est connu, et très peu pour le Paléolithique supérieur (la grotte Unang ou les abris Edward ; Gaubert, 1995 ; Gauthier, 1962), le Paléolithique moyen est en revanche beaucoup plus représenté dans les écrits archéologiques sur la vallée de la Nesque.

Pour cette dernière période, des recherches archéologiques n’ont été menées que sur quelques sites tels que le Bau de l’Aubesier, les Auzières ou les abris Gauthier. D’autres cavités comme la Baume de Fontbe ou la grotte Jarle à Monieux sont connues, mais très peu documentées et n’ont pas été retrouvées depuis leur découverte au début du XX^e^ siècle. L’industrie lithique décrite pour ces deux sites archéologiques est semblable à celle du Moustérien mise au jour au Bau de l’Aubesier qui constitue le principal gisement de la région, mais aucune recherche récente n’a pu être menée.

Rares sont donc les travaux archéologiques récents menés sur la période du Paléolithique moyen et sur les occupations néandertaliennes en particulier. Toutes ces cavités témoignent de l’importance de l’occupation de ce secteur par l’Homme de Néandertal, mais les lacunes évoquées nous privent d’informations susceptibles de mettre en évidence leur contemporanéité, leur complémentarité ou bien au contraire l’absence de points de comparaison (Gaubert, 1995).

Dans le cadre des recherches archéologiques menées sur le site des Auzières, la comparaison des données avec celles provenant de différents sites provençaux pléistocènes permet de déterminer clairement la nature du gisement et d’estimer son âge par bio- ou géochronologie. Les informations archéologiques issues du site permettent alors d’enrichir cette archéologie des gorges de la Nesque, de préciser le contexte paléo-environnemental des communautés humaines du Pléistocène supérieur en Vaucluse, ainsi que de caractériser les interactions entre groupes humains et communautés animales.

Géologie

Le site des Auzières est formé de trois cavités adjacentes et est situé sur la rive ouest du méandre de la Nesque, à quelques centaines de mètres au nord-est du village de Méthamis (Vaucluse). Le site se développe à une altitude d’environ 300 mètres et s’ouvre approximativement vers l’Est en direction de l’aval des gorges.

Située sur les contreforts des Monts de Vaucluse (entre le Lubéron et le Mont-Ventoux ; fig. 1), la commune de Méthamis se développe autour d’un éperon rocheux, surplombant le débouché des gorges de la Nesque. Ces dernières forment une vallée encaissée, composée de massifs calcaires riches en cavités et abris-sous-roches.

Topgraphie du Mont-Ventoux (Vaucluse), vue du sud-ouest. Données : BDALTI v2 25m © IGN
Topgraphie du Mont-Ventoux (Vaucluse), vue du sud-ouest. Données : BDALTI v2 25m © IGN

Les gorges de la Nesque, en rive droite desquelles se situe le site des Auzières, marquent la limite entre le versant sud du massif du Mont-Ventoux et l’extrémité occidentale des Monts du Vaucluse. Elles incisent les formations carbonatées du Crétacé inférieur qui constituent les escarpements qui dominent les gorges. Ces dernières débouchent sur le bassin sédimentaire de Mormoiron où affleurent des formations de l’Eocène et de l’Oligocène dans les environs de Méthamis. Cet ensemble carbonaté est affecté de nombreuses failles. Cette fracturation a favorisé le développement des cavités karstiques dans le massif calcaire.

Le site des Auzières correspond à des cavités karstiques ouvertes dans les calcaires crayeux à rudistes de l’Aptien inférieur à faciès urgonien et surmontés par les épaisses formations de calcaires bioclastiques qui forment la puissante ossature des reliefs des environs.

La cavité est quasiment entièrement comblée par un remplissage sédimentaire. Les niveaux pléistocènes, d’une puissance de plus de 3 mètre, sont recouvert par près d’un mètre de dépôt sub-actuel. Parmi les niveaux anciens les plus profonds, trois livrent un matériel archéologique et paléontologique abondant.