La découverte du site
La première mention du site est faite par Maurice Paccard (1971) qui évoque rapidement le gisement dans la monographie du camp mésolithique de Gramari, situé au débouché des Gorges de la Nesque. Maurice Paccard décrit pour la première fois le complexe karstique des Auzières en 1983, il distingue alors trois cavités 1 :
- Les Auzières I, grand abri-sous-roche ;
- Les Auzières II, abri-sous-roche dont seul l’encorbellement est visible (fig. 1) ;
- Les Auzières III, petite alcôve vide de remplissage.
Dans Les Auzières I, Maurice Paccard reconnaît la présence d’un placage comprenant des éléments d’industrie attribués à l’Épipaléolithique (la phase finale du Paléolithique, datée entre 14.000 et 11.700 ans avant le présent), il y réalise également un sondage qui s’avérera stérile. Maurice Paccard et Michel Livache mènent parallèlement une opération de sondage aux Auzières II. Ils produisent une description de la séquence stratigraphique et identifient huit couches stratigraphiques. Un premier ensemble osseux est mis au jour dont l’analyse paléontologique permet une attribution chronologique au Würm (la dernière période glaciaire du Pléistocène ; Crégut et al., 1983).
Les premières fouilles
À la fin des années 1990, Hervé Monchot et François Marchal envisagent une reprise de l’étude du site en s’intéressant aux peuplements humains du Paléolithique moyen en Vaucluse et aux interactions entre communautés humaines et la grande faune (en particulier les grands carnivores). En 1998, ils organisent une campagne de terrain ayant pour but de retrouver et nettoyer le site afin de reprendre le sondage de Maurice Paccard et Marcel Livache aux Auzières II. Il s’agit alors d’estimer le potentiel archéologique et paléontologique du site (Monchot et al., 2000). Les travaux de terrains reprennent ensuite en 2001 et quatre campagnes de fouilles programmées se succèdent entre 2002 et 2005 (Marchal et al., 2009). Les fouilles se concentrent alors sur la partie antérieure de la cavité des Auzières II (fig. 2).
Les analyses sédimentologiques conduisent au découpage de la séquence stratigraphique en six couches principales. Le matériel osseux mis au jour au cours de ces différentes campagnes comprend plus de 250 restes (Marchal et al., 2009). Une première série de datations radiométriques est réalisée et fourni un âge moyen de 60.000 ± 10.000 ans avant le présent pour les dépôts supérieurs (Marchal et al., 2009).
L’équipe de Monchot et Marchal met également au jour un petit assemblage lithique (environ une vingtaine de pièces) dont l’attribution chronoculturelle relève du Moustérien (Paléolithique moyen ; Marchal et al., 2009). Le matériel archéologique attestant de l’occupation du site par les communautés humaines reste cependant peu abondant. La dernière campagne de terrain (2005) s’achève sur de plusieurs questions relatives aux modalités de dépôts et de successions des ensembles archéologiques et paléontologiques.
La reprise des fouilles
En 2014, une nouvelle équipe pluridisciplinaire est constituée par Jean-Baptiste Fourvel et Nicolas Frerebeau. Cette première opération porte sur les Auzières II (évaluation des potentialités) et sur les Auzières I (relation avec les Auzières II). Il en résulte la mise en évidence de liens karstologiques entre les deux secteurs et la découverte d’un réseau profond aux Auzières II. La reprise des recherches permet de confirmer définitivement l’occupation du site par des grands carnivores (Hyène des cavernes) dans les niveaux supérieurs. De plus, l’avancée de la fouille (fig. 3) permet de mettre en évidence une occupation humaine dans les niveaux les plus profonds, matérialisée par de nombreuses traces d’activités (stries de découpes, charbons de bois, etc.).
Entre 2015 et 2021, deux programmes de recherche triennaux, 2015-2017 et 2018-2021 sont réalisés. Fort d’une équipe d’une douzaine de chercheurs représentant presque autant de spécialités (archéologie, technologie lithique, archéozoologie, paléontologie, paléoanthropologie, sédimentologie, karstologie) cette nouvelle équipe documente, sur le terrain et au laboratoire, les modalités de succession d’occupations du site par les carnivores et les groupes humains (Néandertal) du Paléolithique moyen dans le sud de la France.
Le nouveau programme triennal, débuté en 2022, marque une nouvelle étape dans le processus de recherche. Celle-ci vise désormais à préciser les contextes paléoenvironnementaux et chronologiques des différentes occupations. La préservation d’un assemblage osseux dans la partie interne de la cavité et les traces d’activité anthropique de plus en plus fréquentes à mesure que la fouille progresse à l’extérieur, offrent de nouvelles perspectives. Le site présente notamment des caractéristiques (faune, archéozoologie et technologie lithique) comparables à d’autres gisements du Paléolithique moyen du Sud-Est de la France dont le Grand Abri aux Puces (Entrechaux, Vaucluse).
Bibliographie
Maurice Paccard (1971). I. Analyse de sols et structures : Le camp mésolithique de Gramari à Méthamis (Vaucluse). Gallia préhistoire, 14(1) : 47-84. DOI : 10.3406/galip.1971.1378.
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Ce découpage en trois cavités et autant d’entités archéologiques n’a aujourd’hui plus lieu d’être. Les différentes cavités des Auzières sont considérées comme formant un seul et même site archéologique. ↩︎